Enquête sociologique récente chez des waloneus.

 Exploration du phénomène de réapprentissage de la langue wallonne.

 

Entretiens détaillés avec 13 personnes dont 11 engagées activement dans des activités en rapport avec la renaissance du wallon, plus précisément : six étudiant(e)s aux scoles di walon di Nameur, deux enseignant(e)s du walon e scole, trois acteurs (-trices) de théâtre wallon. Ces 11 personnes (7 femmes / 4 hommes), classifiées comme noûwaloneus (néowallons) sont comparées à deux personnes universitaires (1F / 1 H) attachées sentimentalement au wallon, définies comme vîwaloneus (archéowallons). La moyenne d'âge est de 43 ans mais la distribution est bipolaire: un groupe de 20 à 31 ans et un groupe de 45 à 60 ans. (Note: ce "trou" 30 - 45, correspondant à des gens nés entre 1952 et 1967 se retrouve également dans les troupes de théâtre.)

 Motivations des noûwaloneus:

Les motivations sont dans l'ensemble pratiques: écrire le wallon, mieux le parler, l'utiliser dans le cadre d'une profession (instituteurs) ou d'un hobby (acteurs). Deux personnes se montrent plus nostalgiques, leur motivation étant liée à l'idée de "laisser des traces". Aucune ne signale une motivation pouvant mener à une action politique.

Conception du wallon - Action à entreprendre dans l'avenir

Méthode: On a enquêté sur le premier contact avec le wallon, la définition donnée à la langue, les actions concrètes à entreprendre pour sa sauvegarde, la vision sur la normalisation, la position du wallon par rapport au français, le rattachement aux identités collectives (quartier / village; Wallonie, Belgique), les actions à entreprendre pour la sauvegarde de la langue.

Résultats:

Les individus ont été classés en quatre groupes:

(1) Les esthètes (n=4): le wallon est une belle langue (la langue du coeur) à promouvoir dans un cadre familial. Il n'interfère nullement avec le français, langue de l'intellect. La beauté est liée aux sonorités locales; elle risque de se perdre avec la normalisation. L'avenir est assuré, puisque la beauté est "conservable en musée", via la littérature. C'est l'attitude momificatrice. Ce groupe est composé de personnes ayant un profil artistique.

(2) Les sentimentaux (n=4): le wallon est la langue normale de la Wallonie, la langue des ancêtres (l'entité "Belgique" est secondaire), supérieure au français. C'est l'attitude politique. L'avenir est sombre, puisque le wallon est de moins en moins parlé. La Région Wallonne doit donc agir au plus vite. Il faut inculquer le wallon aux enfants et l'enseigner dès le plus jeune âge. La normalisation permettrait aux Wallons de mieux communiquer, via un dictionnaire commun (wallon-français, mais surtout français-wallon). Ce groupe est composé de personnes plus âgées (moyenne d'âge: 57 ans) ayant eu un contact fort avec le wallon dans leur enfance.

(3) Les localistes (n=2): le wallon est la modalité linguistique d'un petit coin de terre wallonne, intégré dans une Belgique fédérale, préservant toutes les caractéristiques des microrégions. C'est l'attitude folkloriste. Le wallon ne peut être sauvé que par le parler. Ce n'est pas une langue écrite. La normalisation (qui n'a trait qu'à l'écrit) ne les concerne pas. Ce groupe est composé de personnes ayant pu parler wallon dans leur enfance.

(4) Les polyglottes (n=3): le wallon est une langue comme toutes les autres langues de la planète, y compris le français. Chacun (partout en Belgique) choisit la langue qui lui est le plus agréable de parler. Le wallon est à la fois une belle langue, la langue des ancêtres et une langue moderne. La normalisation peut aider à cette modernisation, mais surtout doit agrandir l'espace de diffusion du wallon, notamment le public potentiel des pièces de théâtre. C'est l'attitude novatrice. Ce groupe est composé d'acteurs de théâtre, tous âgés de moins de 30 ans.

Vision des stéréotypes

Chez les personnes interrogées, les stéréotypes qui enferment le wallon dans un cercle des relations intimes (langue conviviale), qui l'associent à la grossièreté (langue vulgaire), ou à un public âgé (langue dépassée) semblent avoir été vaincus. Car pour beaucoup des interviewés, le wallon doit aller plus loin et s'étendre à tous les domaines.

 


Nihoul Bénédicte, Mémoire de fin d'études, Université Catholique de Louvain, 1997; Contact: Pr Hiernaux, univiersité do Noû-Lovin.


 Les actifs de la wallonophonie célébreront-ils la fête nationale belge ? (réflexion de L. Mahin basée sur la thèse de B. Nihoul).

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