Ké walon po dmwin ?

Quelques considérations psychopédagogiques et personnelles à propos de l’ apprentissage (ou réapprentissage) du wallon à l’âge adulte

 

La langue wallonne me semble en danger. Si nous ne réagissons pas, elle risque de s’éteindre.

Mes quelques expériences au village, d’essais de remise sur pied du wallon, m’ont fait comprendre qu’il était grand temps d’entreprendre une chimiothérapie intensive. Ni le temps, ni les mesures mises en place actuellement ne constituent les remèdes suffisants pour enrayer un processus cancéreux déjà bien avancé. Je me résigne pas à commencer le processus de deuil, je préfère croire et dire qu’il n’est pas trop tard, mais qu’il est grand temps d’intervenir fermement.

Je sais qu’auprès de certains professeurs qui enseignent le wallon, ces questions constituent un souci, une réelle préoccupation.

Puissent ces réflexions aider l’équipe enseignante de l’Ecole des Rèlîs Namurwès à affiner la méthodologie et le projet pédagogique. J’en profite pour les féliciter de leur heureuse initiative d’avoir mis sur pied depuis quelques années un cours de wallon à quatre niveaux avec un contenu aussi qualitatif tout en les invitant à repenser certaines formes de l’enseignement.

Profitant de l’occasion qui m’est donnée, j’adresse aux responsables politiques cette réflexion fort de mon expérience de rcåzeu et d’étudiant de notre dialecte :

La sauvegarde de la langue ne se fera que s’il y a une réelle volonté politique de la défendre.

La réflexion qui suit est élaborée à partir d’une démarche introspective et autoréférentielle en tant qu’étudiant et rcåzeu (néolocuteur) depuis trois ans dans un processus toujours en cours d’apprentissage de notre wallon.

Mon bagage initial

Comme beaucoup de Namurois, j’ai reçu dans l’enfance quelques bribes de wallon dans l’oreille et sur la langue. Il faut bien avouer qu’il y en avait peu, car le parler de Djôzef èt Francwès n’a pas fait assez de ricochets sur la Sambre et la Meuse pour arriver jusqu’au-dessus de ma Citadelle natale.

Perception d’un fossé social ou sociologique, recherche de la différence, intérêt pour le culturel, il était bien écrit que je me mettrais à rechercher la langue du peuple. Les quelques expressions et locutions qui se sont incrustées dans mon enfance ont contribué à créer un sentiment d’appartenance flou, vague, diffus à une culture spécifique.

Au parc attractif Reine Fabiola que je fréquentais régulièrement ainsi que lors de la fête annuelle que représentait le motocross, le néerlandais, l’anglais,... côtoyaient largement le français.

Sans doute ce multilinguisme a-t-il contribué à développer en moi le goût des langues. Quel plaisir pour l’enfant que j’étais, de saluer dans leur langue, au parc des coureurs, les victorieux chevaliers des temps modernes.

Toutefois, le wallon a toujours éveillé en moi, une résonance particulière. Il me prend au ventre un peu comme la musique latino m’enveloppe, me contient, me parle sans même que je doive en comprendre les paroles. C’est ce qu’on pourrait qualifier de « contenant sonore », pour reprendre une expression bien connue en psychanalyse. Il en est de même dans notre dialecte, où l’affect se traduit d’une manière imagée par périphrases et métaphores, ce qui crée une saveur particulière. La musicalité de la langue me touche au niveau des émotions, me saisit, m’enveloppe.

Encore faut-il découvrir l’endroit où dénicher ce bain de langage. Le wallon parlé est devenu rare. C’est peut-être sa rareté qui fait que je m’occupe de lui.

Ce n’est qu’une fois sorti (prématurément d’ailleurs) des études classiques « latin-grec », que j’ai pu enfin retrouver sa trace grâce à « mes camarades d’infortune » des « techniques langues modernes A 2 ». Nous étions une bonne dizaine d’élèves qui avions fui (ou avions été rejetés) des humanités traditionnelles. Certains diront que nous étions des élèves médiocres, nous qualifiant de moins doués, d’autres, que nous étions des élèves qui cherchaient à sortir des sentiers battus.

Dans ce printemps culturel est venu se glisser un renouveau relationnel.

A l’atmosphère rigide du collège succède la camaraderie de l’école technique.

Les langues y sont vivantes, actuelles, jouées et parlées. Mais ce sont les bribes de wallon lancées spontanément par mes condisciples venus pour la plupart des villages (Les Isnes, Courrière, Grand-Manil etc.) qui me paraissaient les plus savoureuses.

En phase d’adolescence, quand l’amitié s’infiltre, l’identification devient facile. Alors, les mots deviennent signifiants et donnent sens au vécu, car ils peuvent contenir les émotions. C’est alors seulement, me semble-t-il, que la langue accède au statut de langage.

Je me souviens encore de «Vouss one taye, blanc ? » lancé amicalement par Christian à Claude un midi, ou encore par ce même élève qui apostrophait un professeur de néerlandais un peu impérialiste « Waite a çki t’dis, séss, valet ». C’est ainsi que j’ai découvert qu’aux Isnes, on joue et on parle en wallon; qu’à Courrière, les battues se passent en wallon, qu’il y avait un rbouteu, et qu’on s’aimait aussi très bien dans la langue du terroir. Moi, je venais à peine de jeter « mon sapin vert », je découvrais le lundi matin au café, devant la gare, que je ne savais pas jouer au kiker ni leur répondre. Il fallait donc agir ce que j’avais toujours présumé, c’est-à-dire, descendre de la Citadelle si je voulais connaître le monde. Je me suis dit alors que, si un jour il y avait un cours de wallon, je le suivrais. Quelques années après, dans l’exercice de mon travail d’éducateur dans une institution accueillant des enfants pour un placement en observation, j’ai pu étendre mon expérience dialectale, passive, aux parlers carolo et de la Basse-Sambre. Bon nombre de ces jeunes provenaient des couches populaires du bassin de Charleroi.

L’Ecole de wallon: La première impression lors de la rentrée des classes.

Je m’inscris à 42 ans au cours de wallon des Rèlîs Namurwès animé d’une solide motivation à progresser dans la langue du terroir.

C’est la première fois que j’entre à la Maison du Dialecte et du Folklore.

L’endroit me parait grand, poussiéreux, un peu vieillot. Quelques photos, un grand portemanteau, des tables disposées en carré, la chaise du professeur et une grande table recouverte d’un tapis. Sur celle-ci une petite sonnette. Les appuis de fenêtre sont remplis de cahiers empoussiérés. Je crois rêver, la majorité des personnes qui sont là doivent avoir la quarantaine et plus. Ils parlent en wallon. Je demande si je peux prendre un de ces cahiers, sur le ton de l’enfant trop longtemps frustré, comme pour m’assurer que je pourrai emporter la trace d’une survivance. Un monsieur m’explique que je vais recevoir un syllabus. L’émotion est telle qu’elle me frappe de surdité élective. Je veux un cahier wallon ici, maintenant, tout de suite, on ne sait jamais... Les élèves sont pour la plupart de mon âge ou plus âgés. Nous sommes une vingtaine à nous regarder. Le professeur arrive, un jeune qui a l’air de savoir non seulement ce qu’il dit, mais aussi ce qu’il fait. Il nous fait monter au premier. Une véritable galerie de portraits dont certaines figures ne me sont pas inconnues. Je cherche mon père - on ne sait jamais, il aurait bien pu être pris en photo avec ses amis Bovesse et Pieltain- pas de père, mais un pair que j’ai rencontré il y a une trentaine d’années au Cercle d’échecs.

Le cours commence. Le jeune professeur se retourne et questionne dans un wallon parfait un monsieur aux cheveux blancs, sur un voyage en Amérique, chez les cousins du Wisconsin.

Le monsieur explique qu’il ne parle pas l’anglais et qu’il a très bien pu se faire comprendre en wallon et qu’il est allé à Namur, Grand-Leez, Rosière .... à Green Valley, U.S.A. Je revois certains articles du journal « Vers l’Avenir » que je lisais, enfant. Je rêve, emporté d’un coup dans ce voyage dans le passé : « ils ne sont donc pas tous morts », moi aussi je fais partie de la tribu des derniers waloneus. Je suis au beau milieu de la réserve. Le cours est entièrement en dialecte et je comprends assez bien. Deux heures plus tard, les portes de l’école se referment. Je me touche les bras et les jambes, pour savoir si c’est bien moi. Arrivé à ma voiture, pas de doute, elle est toujours aussi sale, c’est la mienne; je n’ai pas rêvé.

Vite, que je puisse annoncer ces retrouvailles à mon épouse et à mon fils à qui je transmettrai quelque chose du patrimoine, de l’histoire, de l’inconscient collectif ?

L’école existe, j’y retourne avec plaisir et intérêt, tout en essayant de digérer ma surprise de voir un professeur enseigner en wallon.

Le processus d’apprentissage

Les jeudis se succèdent de quinzaine en quinzaine. Je voudrais apprendre vite et bien, pris d’une avidité waloneuse intense, mais cependant ...l’apprentissage n’est pas si facile et écrire le wallon me parait bien difficile. Comme d’habitude, je me considère comme un élève moyen, « faisant les septante » en primaire comme disent les élèves, puis « la diss » à l’université. Mon parcours scolaire est prolongé de formations continuées en tant qu’adulte. Etudiant perpétuel, je ne puis m’empêcher de me pencher sur ce qui fait défaut, souffrance, plaisir et déplaisir d’apprendre, chez l’enfant surtout. Je cultive la tendance à toujours essayer de tenter de comprendre ce qui n’est pas entendu facilement dans les processus de formation et d’apprentissage.

En ce qui concerne l’étude d’une langue, je fais référence au travail de Lucien PIERRET, camarade de cours à la Faculté Ouverte Pour Adultes de l’U.C.L. (F.O.P.A.), dans son mémoire de licence intitulé : « Parler dans la langue de l’autre, contribution à la recherche de stratégies d’apprentissage des langues vivantes ». Il y met si bien en avant certains mécanismes liés à l’apprentissage des langues et prône les méthodes actives. Lucien y développe des thèmes qui me sont chers tels que l’immersion, le bain de langage, l’apport des méthodes audio-visuelles, les notions d’appropriation de la langue qu’il différencie d’étude de la langue, etc. Je citerai quelques extraits liés à l'acquisition et à l’intégration d’une langue en général, mais qui pour la spécificité du wallon ne sont pas évidents.

« De façon à acquérir la maîtrise complète d’une langue vivante, le sujet apprenant doit interagir verbalement et non-verbalement avec des partenaires plus avancés que lui sur le plan psycholinguistique, lesquels doivent faire usage de la gamme usuelle de cette langue. » (cfr. mémoire FOPA p. 133.)

Si cette règle me parait évidente, nous verrons que dans les faits que la rencontre avec les partenaires plus avancés n’est pas si facile. Dans vingt ans, elle deviendra de l’ordre de l’extrême rareté.

Selon ce professeur de langues modernes, l’étudiant adulte en langues développe sa compétence sur un double mode: d’une part, il s’approprie le langage en vivant des situations de communication réelle, et ceci passe par un processus subconscient, et d’autre part, il l’étudie et acquiert une connaissance formelle de la langue, ce qui fait appel à un processus conscient (pages 159-160).

Nous verrons combien ces deux formes d’appréhension du langage wallon se juxtaposent à travers les cours d’une part et le sosnadje de l’autre.

« L’apprentissage du langage ne saurait se réduire à une simple manipulation linguistique qui exclurait de son champ le sens, le contexte communicationnel et les conditions de production du discours. » (page 110.)

Ces notions socio-linguistiques prennent un sens particulièrement important dans le cas du wallon, langue minoritaire, représentante des petits, du peuple, à une époque où la rentabilité, les lois du marché et de l’économie favorisent l’étude de l’anglais. Apprendre notre dialecte ne rapporte rien et ne conduira pas l’étudiant sur le chemin d’une quelconque promotion.

L’erreur fondamentale serait de ne pas restituer notre contexte belgo-belge de rivalité linguistique et communautaire. Le regain d’intérêt pour l’apprentissage formel du wallon s’inscrit dans un moment où les structures de l’Etat viennent de se modifier. La Wallonie reliée à Bruxelles par la Communauté française, dans l’Etat Belgique devenu fédéral, a tout intérêt, me semble-t-il, à clarifier une identité floue en tant que région d’Europe. La langue peut constituer une fleur de son étendard. En ce qui me concerne, le fait d’avoir appris la langue de Vondel et de prendre du plaisir à la pratiquer en des occasions devenues trop rares, me renforce dans mon envie d’apprendre aussi notre langue.

Outre ces considérations socio-politico-communautaires, comme pour toute langue, le (ré)apprentissage du wallon passe, me semble-t-il, par plusieurs étapes vécues différemment par l’apprenant sur le plan de son intériorité. Celles-ci sont accompagnées de mouvements émotionnels et de réactions diverses. Les phénomènes que j’ai observés tant en moi qu’autour de moi auprès de mes camarades de cours, m’ont semblé intéressants à tenter de cerner.

Les obstacles à l’apprentissage : de l’inhibition à l’interdiction

L’inhibition me semble un moyen de défense particulièrement plus incrusté chez l’adulte que chez l’enfant en processus d’apprentissage d’une langue en général et en wallon particulièrement.

Les facilités à penser dans l’autre langue en bilinguisme sont beaucoup plus développées pendant l’enfance qu’à l’âge adulte. J’en citerai pour exemple, l’expérience vécue à Louvain-la-Neuve, où en un semestre au plus, les enfants des étudiants latino-américains dont certains n’ont jamais entendu un mot de français auparavant, réussissent à s’exprimer correctement en français sans accent et ce principalement grâce aux jeux ainsi qu’au contact des autres enfants à l’école. Pour que leurs parents prononcent «rue de la gare » et non «roue de la gare » et arrivent à différencier les phonèmes « E » dans « élève », quelques années sont parfois nécessaires.

Outre cette difficulté liée à l'âge adulte, je rappellerai que la langue wallonne a été frappée d’interdit à l’école dans les années vingt. Parler wallon a longtemps été considéré comme parler vulgairement, grossièrement. Le réapprendre et le reparler en société implique la levée d’une barrière psychologique ou d’un « inter-dit », c’est à dire quelque chose qui est dit entre les lignes. Pour que cette levée d’inhibition soit possible, une autorisation est nécessaire. En ce domaine nos hommes politiques ont peut-être une rôle psychologique à jouer en société.

Outre les difficultés liées à la levée de l’inhibition, le rcåzeu se heurte à une difficulté importante. Le wallon est d’abord une langue orale. Le bain de langage est en voie de disparition et se fait rare, et la langue dans sa forme écrite me semble particulièrement malaisée à apprendre.

Mes principales difficultés liées à l’apprentissage du wallon

Je dirai à ce stade de troisième et quatrième années de fréquentation des cours, que la grammaire et l’orthographe wallonnes constituent des difficultés de taille. Elles baignent dans un bain référentiel instable et ardu, ce qui érode un peu ma motivation et engendre des moments de découragement. Ce n’est que grâce au soutien personnel de quelques amis et parmi eux, des professeurs de l’Ecole qui m’aident de leurs nombreuses corrections, que j’arrive à écrire un petit conte, une réflexion, quelques lignes...et je profite pour les remercier de leur précieuse aide.

L’orthographe varie d’un professeur à l’autre. C’est ainsi que je me suis retrouvé face à l’orthographe Feller qui normalement devait faire autorité, à celle de Léonard à Namur, Viroux à Fosse, Henin à Han-sur-Lesse, ... à celle du professeur de première année qui diffère de celle du professeur de seconde etc. à l’orthographie phonétique, analogique, au rfondu soft et hard, aux orthographies régionales est, ouest, centre, sud...

Comme tout bon Latin, le Wallon se caractérise, me semble-t-il, par une résistance viscérale à l’unité. Le Wallon cultive le particularisme ce qui sans doute constitue une valeur démocratique essentielle, mais complique l’apprentissage.

Chaque professeur, chaque écrivain, chaque région, chaque société y va de son petit lexique, glossaire, d’explications linguistiques et étymologiques, de règles orthographiques et grammaticales toutes aussi variées les unes que les autres. Un chat n’y retrouverait pas ses jeunes. Le danger face à tant de variété est de se disperser ou de se morceler.

Le bon sens populaire sait combien la cohérence d’un enseignement facilite la tâche de l’étudiant et combien les discours incohérents et paradoxaux engendrent chez l’éduqué le doute, la perte de confiance en des références. S’installe alors le flou pouvant conduire à l’extrême jusqu’aux mécanismes de la folie.

La dispersion et l’incohérence en matière d’orthographe et de grammaire wallonnes ainsi que leurs difficultés abusives engendrent chez les étudiants des réactions de colère et d’agressivité, d’envie d’abandon ou renforcent l’étudiant dans l’idée que sa manière personnelle d’écrire est finalement la meilleure tandis que le professeur se sent rassuré (mais pour combien de temps ?) d’indiquer comment orthographier dans le sens de la Loi selon Léonard, Feller, etc.

Ces vécus sont amplifiés chez les élèves troublés instrumentaux, dont je fais partie. Ceux-ci sont déjà si souvent mal compris dans leurs difficultés dans le circuit scolaire normal. Les troubles d’intégration de l’espace et du temps, la faiblesse des processus de mémorisation, les déficits d’attention et de concentration, l’instabilité motrice, les confusions de sons et de consonnes, les dysrythmies ou autres dysfonctionnements au niveau perceptuel, practognosique ou psychomoteur constituent les troubles dits instrumentaux. Ceux-ci engendrent des souffrances encore trop mal cernées par le corps enseignant chez les élèves porteurs de ces troubles. Moins spontanément détectés que les problématiques d’expressions et autres difficultés de langage, les déficits de la vision ou de l’audition, ils sont tout autant sources de troubles psychologiques et sont étroitement liés aux difficultés d’apprentissage. Ils engendrent un vécu spécifique chez l’apprenant.

J’ai donc revécu partiellement au cours, les émotions habituellement ressenties par les élèves dysorthographiques et autres dyslexiques. Ce qui parait facile pour l’un est peut-être difficile pour l’autre. Je me suis retrouvé face aux mêmes difficultés de mémorisation, de dysorthographie chronique, de courtes capacités de concentration et d’attention que lorsque j’étais enfant, ce qui a réactivé la faille du narcissisme secondaire (pour employer le langage technique). Cette faiblesse provoque chez l’élève l’impression d’être moins bon, voire « nul », malgré tous les efforts qu’il fait sans réussir à satisfaire les exigences pédagogiques.

Le déni voire l’ignorance de sa difficulté par l’enseignant ou par le groupe classe est une ajoute intolérable à sa souffrance.

Le sentiment de ne pas être compris dans ses difficultés, comme si celles-ci n’existaient pas, est encore bien plus difficile à vivre que l’expérience de l’échec. Ce vécu s’accompagne souvent de mouvements de colère ou de découragement, et peut prendre des tournures qui aboutiront finalement chez l’enfant à la consultation pédo-psychiatrique, psychologique, ou logopédique. Des phénomènes similaires bien que plus radicalisés s’observent chez l’adulte dans les processus d’alphabétisation.

Le sentiment inverse chez l’apprenant me parait tout aussi dangereux bien qu’il engendre moins de souffrance interne chez l’élève. C’est celui de la toute-puissance du fort en thème qui parle et écrit plus ou moins correctement et trouve facilement que les choses ne sont pas si difficiles que ça : « Il n’y a qu’à », « il faut que... » et les autres n’ont qu’à faire comme lui, puisque lui sait.

Le danger est grand en apprenant le wallon, de se forger le sentiment de faire partie de l’élite ou de se sentir à la traîne.

Du wallon littéraire, à celui de la scène en respectant celui du plancher des vaches

Je voudrais faire part de mon inquiétude de voir les cercles littéraires ne plus réunir que les érudits qui d’un regard méprisant écarteraient « les autres faiseurs de fautes », un peu comme si le Wallon correct appartenait à une élite littéraire.

Sans toutefois assimiler certains courants particulièrement hermétiques de la psychanalyse ou de la philosophie, dont la pensée lacanienne est un exemple, aux élites des cercles littéraires waloneus, je mets en garde contre un mouvement d’exclusion ou de mépris des « waloneus du plancher des vaches », ou de ceux pour qui l’orthographe et la grammaire ne sont que des effets secondaires de la nature, sans finalement beaucoup d’importance ou d’intérêt. Certains parlent et jouent en dialecte depuis toujours parce qu’ils sont nés dedans ou l’apprennent ou le pratiquent sans se soucier trop des formes grammaticales et c’est bien leur droit, me semble-t-il.

La méthodologie

La politique de formation à l’apprentissage du wallon aux cours copie trop, à mon sens, la pédagogie rencontrée classiquement dans des cours de latin ou de grec en humanités et de grammaire néerlandaise et anglaise en candidature de philologie germanique. Dès la seconde année, l’accent est mis sur l’abord grammatical et orthographique. La méthodologie reste classique et assez académique : le professeur est face aux élèves qui écoutent, écrivent ou lisent. Les moyens audio-visuels sont peu employés, la participation de l’élève est trop peu sollicitée, la dynamique reste assez passive pour l’apprenant.

Je citerai à nouveau Lucien PIERRET quand il reprend, page 163 du mémoire déjà cité, les propos de ST. D. KRASCHEN: « La grammaire sera effectivement acquise si les objectifs sont communicationnels. Paradoxalement, si les objectifs sont grammaticaux, on apprendra la grammaire bien sûr, mais peu de chose sera intégré et réellement approprié...C’est sur la capacité communicative et non sur la correction grammaticale qu’il s’agit de focaliser l’apprentissage initial tant en ce qui concerne la compréhension que la production langagière ».

Mon vécu d’étudiant en wallon m’a rappelé ma brève expérience d’étudiant en candidature germanique. A cette occasion j’ai pu ressentir combien les enseignants sous-estiment les objectifs communicationnels des cours de langue et se transforment en maîtres, retransmetteurs d’un pseudo-savoir, plutôt qu’en facilitateurs de l’apprentissage. Jeux de rôles, cassettes audiovisuelles, enregistreurs, télévision en circuit fermé, caméra vidéo, laboratoires de langues, journaux, revues où seraient publiés les modestes travaux des élèves, devraient trouver leur place dans une pédagogie de pointe dont l’objectif principal serait la communication et la diffusion en wallon.

Les formateurs et pédagogues en langues conviennent généralement que l’immersion est la meilleure méthode pour l’apprentissage d’une langue étrangère du moins dans un premier temps. Quand celle-ci n’est pas possible, certains moyens substitutifs sont employés parallèlement à l’usage du laboratoire de langue pour recréer le bain acoustique, l’expression et la communication. L’orthographe et la grammaire viennent fixer la langue dans un second temps pour pouvoir permettre l’abord de la littérature, de l’écrit, de la poésie.

Le sosnadje ou l’apprentissage par le contact

Les premiers mois, je suis pris d’une hyperactivité waloneuse tout en éprouvant un manque au niveau de la langue parlée. Je me serais bien arrêté aux carrefours des villages pour m’assurer que les gens allaient m’indiquer la route en wallon. Je recherche, fort de mon expérience d’étudiant en langues, les occasions vécues comme je le fis dans le passé à Amsterdam pour le néerlandais et en Cornouailles pour l’anglais. A Louvain-La-Neuve, c’est derrière le bar d’un cercle d’étudiants latinos-américains que je fis mes premiers pas en espagnol.

Parler wallon est un signe d’appartenance et de reconnaissance qui développe la camaraderie au sein du groupe des waloneus. Outre les tables de conversation organisées à Namur avant les cours les jeudis ou celles qui ont lieu le samedi tous les deux mois à Bertrix, rencontrer spontanément un voisin ou un inconnu en wallon me permet de retrouver ce bain de langage qui fait défaut. J’ai pu remarquer combien le parler wallon signe d’emblée l’appartenance et induit la non-agression en groupes organisés, mais peut induire également la méfiance surtout dans les rencontres spontanées. Très souvent, lorsque je parle wallon à un aîné que ce soit en ville ou au village, il me répond en français, la méfiance est de mise.

L’anecdote suivante m’est particulière :

Dans le courant du trimestre de la première année, en allant conduire mon fils à son entraînement de football au village voisin, je rencontre un « grand de quatrième année ». Il me fait signe de loin en levant franchement le bras pour me saluer. Je me mets à paniquer en moi-même :« Aïe, qu’est-ce que je vais faire, s’il me parle en wallon ? Qu’est-ce que je vais pouvoir répondre, d’autant plus qu’on est en société, et qu’au foot., à la buvette du club, derrière le bar, ça cause wallon ».

Je m’approche car l’homme est accueillant. D’un geste ample, le buste en avant, casquette baissée, cigarette au coin de la bouche, il s’avance vers moi dans une démarche et une gestuelle ouvertes qui m’inspirent la sympathie. « Alez, Yves pont d’ chichi, on vièrè bin !» me dis-je comme pour me rassurer.

Joseph Lahaye me parle dans un liégeois savoureux à souhait. C’est un homme qui se définit comme vatchologue et m’apporte amicalement depuis ce jour le complément qu’aucun cours ne saura jamais apporter. Joseph est tombé dans le wallon quand il était petit, c’est sa langue maternelle. Il la parle d’une manière qui lui va comme un gant, ce qui donne du sens à la langue qui acquiert pour moi son statut de langage vivant.

Depuis lors, nous faisons notre chîje (soirée) le mardi soir, nous y travaillons en wallon et y préparons des projets d’animation en wallon que nous développons au village ou dans les écoles des environs.

Quelques considérations personnelles pour le wallon du vingt-et-unième siècle: La normalisation du wallon.

Il serait difficile de parler de l’apprentissage du wallon s’en aborder le phénomène du rfondadje (normalisation). Même si le thème est assez sensible et quoique relativement peu abordé aux cours, il me semble pouvoir dire dès à présent que les rfondeus du wallon sont loin d’être des iconoclastes. Ces chercheurs ont le mérite d’essayer d’être simplement lus et compris de tous, tout en dépoussiérant les formes. Ils ont, me semble-t-il, le mérite d’essayer un renouveau dans un souci unificateur de la langue. Loin de couper la langue de ses racines, ils y remettre, à mon avis, un peu de terreau. Si L’hébreu, le catalan, L’aragonais, le totzile, le quéchwa, ... survivent ou avancent naturellement ou grâce à une médication appropriée, le wallon doit chercher la sienne sous peine de mort.

Les particularismes excessifs constituent un obstacle important. Chaque village possède ses particularités au niveau de la langue. S’il est vrai que les dialectes se différencient d’une localité à l’autre, d’une région à une autre, le parler wallon cimente l’identité, assez floue il est vrai. Je soutiens l’hypothèse que ces variations ne constituent pas une difficulté majeure. Les Wallons voyagent et avec un peu d’habitude, à force de nous rencontrer et de nous adapter l’un à l’autre, non seulement nous nous comprenons, mais nous nous respectons et, plus encore, nous interchangeons notre vocabulaire et nos expressions.

Pour le « rcåzeu » que je suis, il n’y a aucune nécessité de me cantonner à un parler régional même si dans mon cas le namurois restera dominant.

Combien de fois ne me suis-je pas retrouvé au cours interpellé par le professeur : « Toi, comment dirais-tu cela dans ta région ?». J’ai beau lui répondre que pour moi, ça m’est égal, que de toute façon tel l’apprends au cours, tel je le prononcerai, écrirai ou dirai. J’ai beau expliquer que j’aime utiliser un mot d’une autre région, que mélanger les dialectes wallons est pour moi un plaisir qui signe la richesse, que le régionalisme excessif n’a pas beaucoup d’intérêt etc.; sans cesse, cette même question revient sans trouver plus de sens ni constituer aucune aide. L’ancrage dans les racines régionales et l’inscription dans l’histoire coutumière locale ne doivent pas occulter l’inscription dans une Culture wallonne plus globale. Dans ce sens, les travaux des rfondeus me paraissent tout à fait dignes d’intérêt et il faut les encourager à affiner leurs essais d’uniformisation d’un langage écrit où toutes les particularités pourraient se retrouver.

Dans mon parcours de waloneu, je me suis mis à penser, voyant les courants de pensée s’écarter de plus en plus pour finalement risquer le clivage en bons et mauvais objets, que l’excès nuit en tout.

Aux conservateurs à tout prix, j’ai envie de dire que l’abus de ponctuations (faflotes, loyeures, trémas), inversions, redoublement de consonnes etc. constituent des obstacles à l’écriture. Les résistances aux néologismes et aux échanges interrégionaux de mots de vocabulaire ou d’expressions s’appuient sur une orthodoxie qui finira bien par céder. La référence à une seule tradition grammaticale ou lexicale renverra les quelques puristes à s’accrocher à ce qui ne constituera plus que leur unique fierté, celle de n’être suivis et compris qu’entre eux sur leur petit territoire, au nom de la loi de l’homéostasie (du non-changement). Ils risquent d’être les témoins d’un wallon révolu qui ne survivra pas au changement de siècle.

Aux progressistes et parfois ultra progressistes que sont les rfondeus, je me permets de dire amicalement que pour moi, l’excès de modifications de l’écriture conduit également à d’autres bavures. Multiplier les nouvelles formes d’écritures refondues de manières trop éloignées de ce qui est connu, fait perdre le crédit de la recherche. L’innovation excessive pourrait finalement conduire au rejet.

Contre ces deux tendances que je qualifierais d’égocentrisme cognitif pour l’une et d’écart intempestif pour l’autre, je propose qu’une Académie reçoive pour tâche une remise à jour uniforme de la langue dans le plus grand pluralisme tenant compte des diverses possibilités régionales et des divers courants existants et sauvegarde ainsi une unité du moins pour l’écrit au-delà des différences régionalistes et partisanes.

Pour une cure de rajeunissement

L’autonomie, la simplification, la créativité et les ajustements comme remèdes curatifs internes, le soutien aux niveaux politique, culturel, enseignant comme remèdes externes. L’ensemble devrait constituer un baxter de choc.

Le Wallon doit sortir de son complexe d’infériorité vis à vis du français.

Je prendrai à titre d’exemple la règle de l'analogie au français pour l’écriture.

J’estime personnellement que cette règle met l’étudiant dans une injonction paradoxale. De cette manière, l’étudiant continue à faire « plus que la même chose » copiant le «grand frère, français ». L’orthographe française m’est toujours apparue abusivement compliquée, l’orthographe wallonne l’est tout autant.

D’autre part, calquer le français n’aide pas à la différenciation ni à la reconnaissance d’une identité wallonne spécifique.

Ce mécanisme d’adhésivité me semble ressembler à faire plus que ce qu’on a toujours appris et cache l’interdit de l’autonomie et de la créativité. Je propose quelques simplifications à titre d’exemples. Le K remplacerait le qu, les ponctuations « - » et «‘ » devraient être simplifiées au maximum, ê devrait remplacer même dans l’îlot namurois le aî, la wachlète (tilde, « eñe ») espagnole pourrait nous rendre quelques services etc. Beaucoup de linguistes se sont déjà penchés sur le problème et parmi eux Laurent Hendschel et Johan Viroux me paraissent ouvrir des pistes intéressantes.

Une recherche d’unification et de facilitation de l’orthographe et de la grammaire ainsi que la stimulation de la capacité à créer de nouveaux mots adaptés à notre réalité économico-culturelle à l’aube du vingt-et-unième siècle me semblent des conditions de survie de la langue, objectifs à mon sens primordiaux. Il me semble nécessaire d’oser sortir des sentiers battus et de redonner du mouvement au langage ainsi qu’aux diffusions culturelles et théâtrales. Le wallon sent la naphtaline et il faut retrouver le chemin de la créativité.

« Les nouveaux Wallons sont face à un interdit qui bloque leur créativité spontanée », note Johan Viroux, et il me semble toucher là une partie importante de l’iceberg de l’adaptabilité de la langue et de la culture.

En guise de conclusion, quelques souhaits

Le langage wallon doit être soutenu, actualisé et dynamisé en tant que langue vivante. Un effort méthodologique et pédagogique doit être fourni par ceux qui l’enseignent pour rendre le processus d’apprentissage le plus dynamique et participatif possible.

La langue écrite devra rechercher l’unité tout en faisant un effort de simplification, dans le respect des particularismes régionaux, laissant l’interchangeabilité dans le choix des mots des différentes régions : Est, Centre, Ouest et Sud de la Wallonie.

Le langage sera remis au goût du jour, adapté à la vie urbaine et rurale du vingt-et-unième siècle. Notre dialecte doit quitter son manteau « ringard » s’il veut séduire les jeunes générations.

Les milieux socio-culturels et enseignants tout comme le monde politique doivent se mobiliser si nous voulons garder une chance de pouvoir transmettre le wallon aux générations qui nous suivent autrement que comme une langue morte.

Il est grand temps de lever l’interdit castrateur qui a pesé à partir de 1920 sur le wallon à l’école et de mettre en place des moyens pour sa réhabilitation culturelle à travers les médias, l'audiovisuel, la presse etc. y compris dans les circuits de l’enseignement en tant que cours à option ou ateliers basés sur une pédagogie active. Qui dit moyens dit budget, car il est illusoire de croire que la culture et l’enseignement, même du wallon, ne coûtent pas. Ce n’est qu’à ce prix que le malade survivra pour autant que la volonté populaire se manifeste.

Résumé

La langue wallonne est en danger, je crains pour sa retransmission aux générations futures en tant que langue vivante.

Armé d’un maigre bagage dialectal, c’est animé d’une motivation soutenue qu’à quarante deux ans, j’ai commencé à suivre les cours de l’Ecole des Rèlîs Namurwès ainsi que fréquenté sous diverses formes de « sosnadje » des groupes de rcåzeus walons. C’est à dire que j’ai eu parallèlement l’opportunité d’apprendre et de parler notre (ou mieux encore nos) dialecte(s), à travers la fréquentation de tables de conversation et aussi grâce à des participations régulières à des rencontres formelles et informelles de personnes qui (re)parlent wallon.

M’appuyant sur une démarche basée sur l’analyse introspective et autoréférentielle, d’un processus d’apprentissage toujours en cours, du haut de mon certificat de fréquentation de la quatrième année de cours, je me permets de livrer quelques considérations psychopédagogiques et personnelles sur le phénomène de réapprentissage de notre dialecte à l’âge adulte.

Après avoir eu une expérience d’étudiant en langues germaniques et en espagnol, celle de rcåzeu et d’étudiant en wallon me conduit à la conclusion que l’apprentissage de notre dialecte est loin d’être évident pour l’adulte que je suis.

L’inhibition naturelle de l’apprenant adulte, la rareté du bain de langage ainsi que la diversité et la complexification abusive des formes grammaticales et orthographiques constituent de réelles difficultés.

Ma dysorthographie naturelle, mes difficultés de mémorisation et ma courte capacité d’attention m’ont fait revivre pendant ce processus d’apprentissage les sentiments habituellement vécus par les apprenants « troublés instrumentaux ». La perte de confiance en mes capacités, le sentiment de ne pouvoir jamais arriver à écrire correctement, l’impression de ne pas être compris dans ce qui est personnellement difficile pour l’écrit, sont confirmés par l’impression d’un manque de simplicité de l’orthographe ainsi que par les régionalismes excessifs de notre langue wallonne. J’en arrive à estimer que l’esprit de clocher exacerbé qui transparaît dans nos divers dialectes, complexifie abusivement l’apprentissage.

Mon expérience de fréquentation de l’Ecole de wallon pendant trois ans, m’amène à formuler quelques critiques sur la méthodologie employée qui reste trop « classique » à mon goût préférant les méthodes pédagogiques dites « actives ». Tout en m’inclinant devant la grande qualité du contenu des cours et surtout devant la bonne volonté des enseignants, tous bénévoles, j’estime que l’accent est trop mis sur l’écrit et le normatif grammatical plutôt que sur le plaisir de l’expression orale et de la communication. La pédagogie n’utilise pas assez les moyens modernes d’apprentissage des langues vivantes tels l'audiovisuel, l’immersion, la mise en scène, les jeux de rôle etc. Le danger dans une démarche trop académique basée sur la langue écrite, est de dévitaliser la langue de sa saveur en tant que mode d’expression et de communication et d’ainsi passer outre des parfums innommables de nos langues régionales. Un autre danger se pointe de voir une nouvelle élite « littéraire » regarder de la position haute les « waloneus faiseurs de fautes » et d’ainsi disqualifier le langage spontané et populaire.

Je suis conscient que le wallon doit faire un effort d’adaptation à la vie moderne s’il veut survivre en tant que langue vivante. Dans vingt ans combien serons-nous encore à le parler couramment ? Qu’est-ce qui motivera les générations qui nous suivent à le réapprendre ? La culture dialectale m'apparaît vieillotte. La refonte du wallon présente l’avantage de vouloir unifier le langage écrit dans le respect des différentes particularités, mais surtout dans un esprit de renouveau. Cette recherche semble ouvrir des pistes simplificatrices. Pour assurer la survie du wallon en tant que culture et langue au vingt-et-unième siècle, je propose qu’on injecte beaucoup de pédagogie active pour son enseignement dès l’école primaire jusqu’à l’université, sous formes de cours à option ou d’ateliers, des moyens audio-visuels, de presse écrite mais aussi parlée et télévisée pour sa diffusion et une volonté populaire défendue par nos hommes politiques qui se concrétisera en de réels moyens financiers pour son soutien.

Lonzée, le 21 juillet 1998


Yves PAQUET, waloneu, divins: Qué walon po dmwin, Quorum, Djerpene, 1999.


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